Encore un jour, encore un matin, encore un Demain qui ne viendra qu'au bout de vingt-cinq danses. Je n'ai pas de plaisir à danser parce que je ne pense plus à ce que je fais. Je ne pense plus... Je suis devenue vide. J'ai la sensation que personne ne me regarde vraiment. Au fond, les êtres ne se soutiendront jamais entre eux. L'humain est un animal. Il est même le plus primitif de tous. A la différence près qu'il a ... Un cerveau qui réfléchit. Mais le cerveau ça sert aussi à trop réfléchir. Et je perds pieds une nouvelle fois. Je danse mais je suis creuse à l'intérieur. J'ai dans mon esprit des rêves qui me paraissent anciens, des ruines de souvenirs dont je ne me rappelle que trop peu. Je n'ai de cesse de laisser aller mon regard charbonneux vers la rue d'à côté, là où je me souviens avoir dansé pour elle, la seule et la dernière fois de notre histoire. Je m'égare, ma robe trop longue me gêne, j'essaie d'assassiner mes pensées de fantasme, ça ne sert à rien l'illusion. Je reporte mon attention sur les passants, les simples passants, les habitants lambdas, ceux qui n'ont besoin que d'une illumination avant d'aller travailler. Je ne sais plus comment vous dire, je ne trouve plus mes mots, je ne trouve plus mon coeur, je l'ai perdu dans les mains d'une princesse qui possède tout de moi, de mon coeur à mes yeux, de mes peurs à mes silences. Je suis amoureuse. Je suis... Amoureuse. C'est quoi l'amour ? A quoi ça sert à quoi ça rime, si ce n'est à faire souffrir. J'ai forgé une carapace, et elle essaie de la briser, croyez-moi elle essaie de rentrer, dans ma vie, dans mon être, je la repousserai jusqu'à ce qu'un jour je cède, épuisée de me battre contre elle. Je sais que... C'est un peu une question de temps qui passe ou qui ne passe pas. Je ne sais plus quel jour on est ni à quel moment exact j'ai extrait de ma poitrine mon sentiment le plus brûlant pour le lui mettre entre les doigts. Elle... C'est ... Elle je l'aime.

Parce qu'en fait, entre Nous, ... C'est le temps qui s'enfuit qui s'en fout. Et c'est le coeur qui Avoue entre Nous... Et si je dois l'aimer, autant le faire bien. Autant l'aimer plus que tout, autant l'aimer plus que moi. Je crois ne pas mériter ces regards qui courent sur moi, ces effusions de joie lorsque je dévoile les courbes de mon corps sous mon jupon de satin. Elle est si belle, si pure, si ... Trop pour moi. Je ne suis pas parfaite. Je suis à milles et une lieues de la perfection. J'essaie, j'essaie, je n'y arrive pas. J'essaie, j'essaie, je fais de mon mieux, pour ne pas laisser mes jambes fléchir en portant mes yeux sur elle, pour ne pas écouter mon âme crier son amour pour elle. J'aimerais savoir repousser l'amour qu'on me porte, mais je n'ai pas été habituée. Je n'ai pas grandi inondée d'affection, les seuls mots qu'on m'ait appris à crier c'est Désir et Fatalité. Maintenant j'ai un autre cri à pousser. Le plus compliqué à apprendre, le plus beau le plus triste. Celui qui écarte les foules et qui fait de deux êtres des êtres seuls au monde, dans un univers où les autres n'existent plus. Je ... T'aime ? Oui je t'aime, je t'aime, et je n'ose pas.

La rue de Storybrooke ne m'effraie jamais. Vous savez la rue j'y suis souvent. J'ai froid un peu, le soir est tombé depuis longtemps, il ne fait pas très nuit encore, mais j'ai froid dans ma vie. J'avance malgré tout, malgré la chair de poule qui se propage le long de mes avant-bras, je n'ai pas de veste, je n'ai pas vraiment le temps de me plaindre. Il faut que je rentre chez moi maintenant. Mais si Elle me croisait, à cet instant aujourd'hui, je pourrais très bien l'arrêter, l'emmener loin de l'univers urbain et danser juste pour elle éclairée par la lune. Je sens une caresse sur ma joue, douce comme une étoffe de velours. Lentement je me tourne mais personne n'est là. J'ai des ... Je... Je me perds... ? Baissant la tête, honteuse de mes idées, je presse le pas, le boulevard se vide un peu, je ne voudrais pas rester seule dehors. J'ai un mauvais souvenir d'un être humain qui m'a harcelée par envie. Je ne voudrais pas tomber sur un autre obsédé sexuel. Beurk. Bref. Soupirant, je relève le menton mais au loin dans l'horizon, j'ai l'impression de voir sa chevelure couleur nuit se profiler. Je rêve encore. Je secoue la tête, fermant les yeux une seconde.

Ca resemble... A une histoire d'A... Je suis là, les doigts glacés jusqu'aux ongles, les yeux fermés, je ne bouge plus. Je suis devenue immobile. Je me transforme en statue de chair. Je soupire, mon souffle s'échappe dans la nuit noire. J'ai du mal à l'apercevoir, mais je l'aperçois quand même. Elle s'avance de moi, doucement, mon coeur bat fort, bat vite, bat trop. Je suis en train de mourir d'émotion, ou je suis en train de mourir d'elle. Je relève la tête calmement, elle s'approche, je la laisse approcher, sans la repousser, pas encore. J'ai envie de fuir. J'aimerais que mes jambes me portent loin d'elle, loin d'ici. Je vise un moment le gris de l'asphalte sous nos pieds, il est aussi gris que du métal il est aussi gris que le ciel. Je ne peux pas reporter ma haine éternellement sur Jasmine. Ma haine est grise aussi. Je crois que Jasmine exacerbe ma colère, elle fait surgir les pires instincts qui habitent mon coeur. Je ne devrais pas... Je devrais être ... Comment appelle-t-on ça ? Gentille. Sauf que gentille moi je ne sais pas vraiment ce que c'est. Je n'ai pas toujours été comme ça. Il y'avait un temps dans le passé, où j'étais presque bonne, presque innocente. Mais ce temps est passé.

Ca ressemble... A une histoire d'Ames. Hey. Ne crois pas que je t'aime, pauvre princesse de mon coeur brisé. Ne pense pas que je n'attends que toi, ne pense pas que j'aimerais être à tes côtés à chaque heures de la journée, à chaque seconde de chaque nuit. Ne t'imagine pas que dans mon être se sont gravées les lettres de ton nom, une après l'autre, ni qu'après chaque déception je m'imagine dans le creux de tes bras, ivre de plaisir, ivre de désir pour ton corps si parfait. Je ne t'aime pas. Je ne t'aime pas ? Ou peut-être un peu. Dis est-ce que ça ressemble à une histoire d'amour normale ? Parce que tout le monde me dit... Parce que tout le monde n'aime pas comme je t'aime. Parce que moi je t'aime, plus que ce qui devrait être autorisé dans la vie. Je t'aime comme c'est pas permis. Mais je suis bien la seule à pouvoir te blesser sans te blesser, te blesser comme je le fais, te blesser sans le vouloir. Je la fixe dans les yeux. Je m'égare dans son regard, me noyant dans leur profondeur abyssale. Elle est si loin et si proche de moi, que j'en ai mal partout. Des frissons qui pourraient tout aussi bien être des frissons de froid parcourent tout mon corps. J'ai froid c'est un fait, mais j'ai encore plus froid quand je suis loin d'elle. Elle me donne de la chaleur sans même le savoir. J'aimerais sourire mais je reste sur la défensive lorsqu'elle engage la conversation.

« Pourquoi me cherchais-tu ? » Je réponds froidement, presque insensiblement. Je ne suis pas du tout insensible à son charme, insensible à ses yeux. Mais je ne veux pas déclarer ma flamme, je ne veux pas ... Me montrer faible devant elle. Je ne veux pas me jeter dans ses bras et effleurer de mes lèvres les siennes. Je sais qu'elle me ferait du bien, cette douceur qui émane d'elle. Je sais qu'elle aurait eu des gestes tendres à mon égard, ou peut-être des baisers passionnés. Je pense même qu'elle pourrait m'aimer comme je l'aime. Mais je ne veux pas céder. Je n'ai pas que des pulsions, j'ai une passion, et c'est beaucoup plus difficile à contrôler. Cette fois-ci, je me recule un rien, d'un ou deux pas, pour que la proximité ne me tente pas. J'ai envie de toucher à son bras, j'ai envie de toucher à ses joues, d'essuyer trois ou quatre larmes qui pourraient couler de froid ou de tristesse, mais je ne ferai rien. J'ai un regard détaché de tout, un peu dans le vide. Ne crois pas que je ne t'aime pas... J'ai peur c'est tout.

Ne crois pas que je ne veux pas de toi. Notre histoire, elle ressemble à ces histoires d'Amour qui ne pourront jamais mourir.

Je ne laisserai personne parler de nous. Je ne laisserai personne salir notre amour ni s’immiscer dans notre histoire. Même dans l'obscurité, sa beauté m'éclabousse. Je ne sais plus ce qui est vrai, ce qui ne l'est pas, ce qui ne l'est plus. Seule persiste la crainte. La crainte des autres, d'aimer, d'être aimée, de ne pas l'être, et qu'en sais-je de plus. Je suis Seraphyel et j'aime Jasmine. Oui, je le dis. Je le dirai haut et fort, la honte je ne connais pas. Je n'ai pas honte d'aimer. Mais j'attendrai que personne ne se retrouve autour de nous. J'attendrai d'être seule avec moi même pour l'avouer devant mon miroir. Je t'aime, mais je ne peux pas te le dire. Pourtant crois-moi si tu le veux, crois-moi, je... Chut. Si je te tendais la main, là maintenant, qu'est-ce que tu dirais ? Et si je m'avançais, à pas feutrés comme une sombre assassine et que je te prenais par le coeur en embrassant tes lèvres, animée par la fièvre, sans contrôle sur moi,... Qu'est-ce que tu ferais ? Si je te disais que tu es la seule dans mon orage, à tenir encore debout... Si je te disais que tu es celle qui me fait grandir à l'intérieur, grandir et régresser. Si je te disais que toi seule reste intacte dans ma mémoire qui s'ébranle. Qu'est-ce que tu penserais... ? Mais je ne ferai rien. Je ne te dirai rien. Rien de tout ça. Rien de moi. Rien de toi. Restons des anonymes. Même si nous n'en sommes pas, même si nous n'en sommes plus. Je soupire, longuement lorsqu'elle s'approche de moi. Sa main cherche la mienne, et doucement je la laisse faire. Je pourrais te répondre. Mais j'ai l'instinct de reculer, c'est mon auto défense. Ne le prends pas mal, princesse. Ne prends mal aucun de mes gestes, aucun de mes mots. Ils sont tous bien calculés, pour ne pas te dire Je t'aime trop tôt ou trop vite. C'est juste de la survie. Tu sais, j'ai pas envie de mourir de toi... En fait, si beaucoup. Je meurs déjà de toi, parce que je pense à toi souvent. Mais je ne dois pas t'en parler. ça foutrait tout en l'air.

Sa phrase me déstabilise. J'essaie de ne pas y penser. J'essaie, aussi de ne pas penser à elle, mais je n'ai jamais réussi, en plusieurs semaines de temps. J'ai l'image de Jasmine qui revient comme un rêve récurrent ou une chanson qui tourne en boucle, une antienne presque lassante. Je ne sais plus quoi dire devant ses presque aveux. Ai-je quelque chose à répondre ? Il faudrait que je lui dise qu'à moi aussi, elle manque. Que je ne vis plus qu'avec elle dans la tête. Ou qu'au contraire, sans elle je ne vis pas. Je ne sais pas, je me perds toute seule. Hey Jasmine, arrête de tenter de me troubler. Tu vas m'perdre. Je ne serai plus capable de penser, de réfléchir ou même d'agir. Je resterai figée, devant tant de beauté, tant de brillance, tant de bonté. « Manque... » Manque... C'est presque romantique. C'est presque romanesque. Et c'est si vrai. Je tremble loin d'elle, je tremble et je chavire. Je ne fais que répéter son dernier mot. C'est celui là qui m'a troublée. C'est celui qui a eu le mérite de me faire oublier le langage. Je ne connais plus ma langue. Je ne connais plus mes phrases. Je n'arrive plus à aligner trois lettres. Juste... Répéter ce qu'elle dit, comme un perroquet à qui on voudrait apprendre à parler. Je baisse mon regard, mes prunelles brunes sur le gris du pavé. Je ne tiens pas à m'égarer sur son corps, je ne veux pas laisser mes yeux amoureux trahir pour moi ma passion et s'attarder dans les siens. Et s'il est des rencontres qui se passent bien de mots... Je crois que la nôtre se passerait même de regards. Je pourrais rester là, stoïque devant elle, à admirer à peine ses courbes gracieuses, mais juste à sentir son odeur, à respirer le même air qu'elle et à savoir qu'elle est là, près de moi. Le savoir me suffit. Me comble de joie.

« Le froid ne m'a jamais dérangée... » Non Jasmine. Non. Je ne veux pas te suivre. Je ne te suivrai pas... Je me suis jurée de ne jamais céder. Si je te suis, je faiblirai. Si je te suis... Je ne pourrai pas arrêter le trouble en moi. Je ... Non ? Osant un regard qui pour la première fois parait presque équivoque, j'avance une main tremblante que je pose contre sa joue. « Est-ce que... Tu as froid ? » Jasmine... Jasmine, si je ne suis pas capable de savoir quand tu as froid, c'est que jamais je ne t'aimerai bien. Je suis désolée. Je vais avoir du mal à prendre soin de toi, je peine tant à m'occuper de moi. Et pourtant, laisse-moi essayer, un peu. Laisse-moi peut être, le temps d'une saison, le temps d'un hiver, ou même le temps d'une vie. Qui sait, je pourrais progresser. Je voudrais être la première à me précipiter quand tu tombes, ou la première à voir tes yeux le matin. Je voudrais te prêter une veste, ou quelque chose de chaud, mais je n'ai rien sur moi. Je tremble moi-même et je ne peux rien t'offrir. Mais je voudrais tellement être celle qui te protège. Je voudrais partager ton existence et te laisser partager la mienne. Crois-moi... C'est pesant l'amour. Crois-moi, j'aimerais ne pas t'aimer. Mais crois-moi, je ne pourrais pas t'oublier.